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La radio secrète algérienne, histoire d’une radio révolutionnaire

La radio secrète algérienne est considérée comme l’ancêtre de la radio algérienne. En voici l’histoire d’une radio révolutionnaire.

Naissance

Le 16 décembre 1956, conscients du rôle des médias pour contrecarrer l’influence des médias colonisateurs, et prenant en considération  les paroles de Jim Morisson qui avait dit « celui qui contrôle les médias contrôle les esprits de la population »,  les dirigeants du FLN donnent naissance à une radio : La Voix de l’Algérie libre et combattante (Sawt El Djazair El Moukafiha), qui à la frontière ouest du territoire algérien, a émis son premier message sur les ondes « ici la Radio de l’Algérie libre et combattante, la voix du Front de libération s’adresse à vous, du cœur de l’Algérie ». Cette dernière fera éclore un réseau de 16 radios à travers le monde arabe, du Caire en passant par Bagdad, Benghazi, Damas et Rabat, mais également des pays de l’Europe de l’Est. Ce réseau contribuera fortement à faire connaître les revendications de la cause Algérienne.

Programmes

La programmation de la  radio secrète algérienne se destinait à rendre compte des combats menés par les Moudjahidines. Une forme de propagande composée de chants patriotiques, de serments religieux et de commentaires militaires et politiques, avaient pour rôle de souffler au pays un vent de liberté et d’indépendance. Les présentateurs radios avaient choisi de dissimuler leurs identités derrière des pseudonymes empreintés à de grandes figures de l’histoire algérienne, telles que Salah Eddine, Okba ou Jugurtha. Ces derniers adressaient leurs messages en français, en arabe et en kabyle.

Ce moyen d’information et de propagande, était parfaitement adapté aux conditions socio-économiques des algériens de l’époque, marqués notamment par un fort taux d’illettrisme et de pauvreté. La radio radio secrète algérienne s’est avéré ainsi un outil efficace pour contrecarrer la propagande mensongère de la France coloniale et mobiliser le peuple algérien autour de l’objectif de l’indépendance nationale.

Cette radio diffusait ses programmes sur les ondes courtes deux heures quotidiennement, soit  une heure en langue arabe, une demi-heure en kabyle et une demi-heure en langue française.

Selon la revue El Djeich ; faute de moyens conséquents au départ, et pendant les deux premières années, la révolution algérienne a eu recours à des émissions de radio des pays arabes, en particulier de la Tunisie et de l’Égypte pour faire parvenir sa voix au peuple algérien et au monde entier. Dans ce contexte, la radio Sawt al arab (la Voix des Arabes) au Caire, consacrait trois émissions hebdomadaires à l’Algérie, diffusées dans les deux langues arabe et française. La radio tunisienne avait, pour sa part,  programmé une émission tunisienne intitulée « Ici la voix de l’Algérie sœur combattante » diffusée trois fois par semaine.

Animateurs et présentateurs

Une voix de la révolution restera gravée dans les mémoires. Celle du journaliste Aissa Messaoudi, aissa messaoudidécédé il y a maintenant 20 ans. En 1956, Aissa Messaoudi est le Président de l’Union des Étudiants Algériens à Tunis. C’est à ce moment là qu’il rejoint Sawt al Djazaïr (la voix de l’Algérie) à Radio Tunis. Commentateur et journaliste jusqu’en 1959, il est transféré à la radio du Nadhor au Maroc, suite à son affectation dans l’appareil de transmission relevant de l’ALN, il sera ensuite affecté à la radio de l’Algérie libre combattante.

De même, des membres de la délégation extérieure du FLN, à l’exemple du professeur Ahmed Taoufik El Madani et de l’avocat Abderrahmane Kiouane, présentaient périodiquement des commentaires sur la Révolution algérienne dans les deux langues arabe et française, ce qui a beaucoup contribué à éclairer l’opinion publique arabe et internationale sur la situation de l’Algérie et à expliquer la portée et les objectifs de la glorieuse révolution de Novembre.

En outre, Parmi les militants qui ont préparé et animé les programmes de la radio radio secrète algérienne, il y avait Cheikh Réda, Madani Haoues, Rachid Abdeslam, Abderrahmane Meziane et Cheikh El Kadi El Hachemi Tidjani.

Localisation et matériel

Émettant à partir des maquis de l’intérieur à l’Ouest (près de la frontière algéro-marocaine), la radio locale mobile, a commencé à diffuser ses premiers programmes.radio secrete

Selon un des numéros du magazine Memoria  l’équipement de la station mobile consistait en un appareil émetteur type (PC 610) transporté par camion (GMC), qui avait une portée de 70 km de rayon.

Tentatives de « neutralisation »

Ainsi engagé dans une véritable guerre médiatique et psychologique, la  jeune radio secrète algérienne a réussi, en un laps de temps, à susciter le courroux des militaires français, qui ont essayé à plusieurs reprises, de «neutraliser» cette radio. Donc  outre le fait de faire face aux  difficultés imposées par la clandestinité, la radio a du également affronter de multiples tentatives de l’ennemi visant à l’étouffer à travers le brouillage de ses émissions, ou carrément le bombardement de la station. A deux reprises, en effet, l’armée coloniale française, bombarda les lieux mais sans succès. Sa première tentative eut lieu en avril 1957, vingt minutes après la fin des émissions de la radio secrète. Le second bombardement eut lieu en juillet 1957 en pleine émission. Heureusement, les bombes larguées tombèrent toutes hors du périmètre du lieu d’émission.

RTA

Après  l’indépendance L’État algérien créé la radiodiffusion et la télévision algérienne (RTA) par les nouvelles institutions en date du 28 Octobre 1962. À partir de 1965, l’État a permis l’acquisition d’équipements pour assurer une aire de diffusion plus efficace pour la radio sur le territoire national. Par la suite, cette couverture a été limitée à quelques grandes villes. En 1986, la Fondation a réorganisé la radiodiffusion et de la télévision algérienne, permettant en particulier l’émergence de la Fondation nationale pour la radiodiffusion sonore. La Fondation nationale pour la radiodiffusion sonore fut fondée dans le cadre du décret du 20 Avril 1991, en établissement à caractère général industriel et commercial.