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CGTN ou l’offensive médiatique mondiale de Pékin

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CGTN

Après avoir envahi le paysage économique mondial, la Chine investit à fond dans les médias. Le groupe de chaînes de télévision chinoises CGTN est sur le point d’ouvrir un immense hub européen à Londres. Un projet qui n’est ni le premier ni le dernier dans la perspective chinoise.

Le géant médiatique Chinois pourvoi, pour des salaires les plus élevés sur le marché, 300 postes d’emploi dont 90 sont déjà mis en concours. 6000 candidats y ont postulé. Le projet consiste au lancement de 5 chaînes de télévision diffusées en langues différentes à savoir l’anglais, l’espagnol, le français, le russe et l’arabe. Des portails web sont également prévus dans son projet basé au cœur du parc Chiswick, une banlieue chic à l’ouest de Londres.

Dans une démarche de marketing, CGTN défend son projet en lui donnant comme principal objectif d’apporter une vision différente, nouvelle et plus large couvrant les régions et les thèmes négligés par les médias occidentaux.

Comme une toile d’araignée

Appartenant au bouquet de chaînes étatiques CCTV (China Central Télévision), CGTN n’est pas à son premier projet du genre. Le groupe a d’autres hubs à Washington et à Nairobi. Ouverts en 2012, ils emploient chacun près de 150 journalistes. Les programmes de ce groupe médiatique sont diffusés dans 11 langues et dans 140 pays.

Cette invasion chinoise ne concerne pas seulement CGTN. D’autres médias, tels que le journal anglophone China cgtn worldDaily, ont adopté cette vision d’expansion mondiale. Ce journal, à titre d’exemple, possède plusieurs versions à travers le monde. Il touche actuellement un lectorat américain, africain et européen. Sur cette même lancée, l’agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle), principal canal du Parti communiste, a augmenté le nombre de ses bureaux de 110 à 180 en dix ans. Elle est passée en 2010 à une autre étape qu’est de créer CNC World, une chaîne de TV anglophone. Le tabloïd chinois Global Times a également ajouté une version en anglais pour atteindre un public plus large.

Les causes de la volte-face

Renfermé dans sa bulle pendant une longue période, ce revirement de l’Empire du Milieu vers l’international n’est pas sans causes. La principale est l’image très négative véhiculée à travers les médias, après les Jeux olympiques de 2008, quant aux abus des droits de l’Homme commis par la Chine. Pour redorer son image, ce pays a décidé de s’ouvrir au monde et de dessiner par lui-même son image.

Décidé à prendre le contrôle, Pékin a cassé une tirelire de 45 milliards de Yuans pour le lancement de plateformes médiatiques, tous types confondus, destinées au public mondial. Dans la même optique, et en parallèle à ces nouveaux médias chinois, des aides humanitaires, comme ceux données au Népal après le tremblement de terre de 2015 ainsi que les projets d’infrastructures en Afrique ont été vivement médiatisés à travers de longs documentaires.

Utilisant ces mêmes médias, Pékin n’a pas ménagé ses efforts pour dévoiler les échecs des politiques occidentales et les crimes commis aux USA. Même les crises parlementaires en Australie n’y ont pas échappé.

Financement sans limites

Pour redorer son image, Pékin est capable de tout, même transformer les camps de détention d’Ouïgours au Xinjiang, diffusé par Global Times en de jolis et paisibles centres de formation. Il est également permis de financer des médias non chinois pour véhiculer la belle image de Pékin. Comme c’est le cas pour les groupes finlandais GBTimes, californien G&A Studio et australien Global CAMG qui diffusent des émissions sur les ondes de 58 stations de radio dans 35 pays.

Pour ne citer que cet exemple, GBTimes en France a lancé la chaîne LCF. L’unique radio qui s’adresse aux francophones pour leur parler de la Chine et des relations franco-chinoises. Son auditorat s’élève à 90 000 personnes.

Dans sa démarche, Pékin n’hésite devant rien. Plusieurs journaux ont été rachetés, partiellement ou complètement. Le groupe médiatique sud-africain Independent Media, la station de radio mexicaine XEWW et le journal taïwanais China Times sont de patents exemples.

Formations pour les journalistes

Ne se contentant pas de cette stratégie d’expansion, l’empire du Milieu invite annuellement une cinquantaine de journalistes des pays en développement à un programme de formation durant 10 mois.

Une période dans laquelle ils sont choyés avec un hébergement gratuit et un pocket-money mensuel de 5000 yuans. Ce n’est pas tout ! Il leur est offert en bonus deux voyages de presse par mois et des cours de langues à l’université, soit un master en relations internationales.

Synthèse Safaa Sellam

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